Six-Fours : une antique nécropole sous-marine découverte au Brusc

"J’ai cru voir un crâne au fond des eaux": une nécropole antique découverte sous les eaux de Six-Fours?

Lors d’une chasse sous-marine, un riverain du Brusc a fait une incroyable découverte : des restes d’une amphore et des ossements laissant penser à la présence d’une nécropole.

C’est en se stabilisant sous les eaux par le biais d’un coup de palmes que Jérôme, qui était alors en pleine partie de chasse, a eu le regard attiré par quelque chose de peu commun. "J’ai cru voir une forme humaine, un crâne au fond des eaux. Je me suis approché, j’ai vu les restes d’une anse d’amphores et, tout près, des ossements", raconte-t-il.

Plusieurs pensés ont alors frappé le jeune homme. D’abord, un fait divers: "J’ai songé aux ossements du petit Émile, et de cette femme qui avait fait la une de l’actualité parce qu’elle les avait déplacés, poursuit-il. Je suis sorti de l’eau aussitôt et je suis allé chercher les autorités en pensant, néanmoins, que j’avais découvert là quelque chose qui appartenait au passé".

La capitainerie des Embiez contacte alors la police municipale maritime, qui réalise des fouilles. Jérôme, revenu à quai, reste fasciné: "Je plonge ici depuis si longtemps. Je fais partie d’une association qui entraîne des chiens sauveteurs et c’est dans ce coin que nous faisons nos exercices. Quelque part, je pense que cette pièce antique attendait juste le bon moment pour sortir. Je suis en train de reprendre mes études pour devenir professeur. J’ai déjà hâte de raconter cette anecdote aux plus jeunes".

Un ancien site sacrificiel?

Depuis, Jérôme est en contact avec Charlie Hourcau, un plongeur passionné qui a fondé l’association Jason archéo sub avec les autorisations du Drassm (Département des recherches archéologiques subaquatiques et sous-marines). Ensemble, ils discutent longuement des hypothèses.

"Cette découverte fait suite à d’anciennes trouvailles similaires au même endroit, explique Charlie Hourcau. D’après nos analyses, les ossements remontent à une période du V avant J.-C. au II siècle. Les ossements ont été récupérés par la gendarmerie et le matériel amphorique, lui, sera étudié par le Drassm".

Si rien ne peut être conclu avec certitude, l’hypothèse première est celle d’une nécropole antique qui se trouverait autour de l’île de la Tour fondue. "Nous savons que, dans la civilisation des Grecs, les morts ne cohabitaient pas avec les vivants, poursuit Charlie. Maladies, superstitions, nous ignorons pourquoi. Mais le fait qu’il n’y ait que des ossements qui soient découverts sur les lieux et que l’île soit vierge de toutes constructions antiques, si ce n’est deux rigoles, nous laisse imaginer cela. Ces dernières étaient certainement présentes pour faire évacuer le sang après des rituels sacrificiels d’animaux. Le sang retournait sans doute à la terre".

Les deux hommes se sont revus pour "de l’administratif". Jérôme a rempli une déclaration de découverte de bien culturel maritime. Dorénavant, c’est l’État qui prend la main. Le jeune homme sera tenu informé de toutes les découvertes. Il fait maintenant partie de l’histoire locale, et "c’est une fierté" pour ce Bruscain.