PACA : Parc photovoltaïque ou qualité de l'eau ?

"Nous devons mettre un terme à la multiplication de ces parcs photovoltaïques", un collectif d'habitants s'oppose à un projet dans le Var

Quarante hectares dont 26 rien que pour la pose des panneaux photovoltaïques à Valderoure. Pour les associations de défense de l’environnement, ce projet est tout sauf une bonne idée. Ils l'ont fait savoir ce dimanche en évoquant les dangers pour les ressources naturelles pour cette zone située dans le Var.

Ce dimanche 22 juin, l'association a voulu convaincre les riverains de l'infondé d'un projet qui revient régulièrement sur le tapis à Valderoure, dans le Var. Une réunion publique était organisée.

Pour la circonstance, le collectif de défense de l'environnement, APCV, s'était entouré d'un géologue afin de démontrer le risque que comporte le projet de pose de panneaux photovoltaïque à cet endroit précis.

Il faut dire que le lieu est situé dans un endroit à la fois montagneux et forestier, un lieu qu'ils entendent préserver.

Une enquête publique en cours

Une pétition a été ouverte depuis l'an dernier, contre le projet, pour l'heure, elle n'a pas recueilli que 300 signatures. L'une des porte-parole de l'association, Mélodie Lamotte, résume les choses ainsi : "pour préserver nos forêts et notre territoire, nous devons mettre un terme à la multiplication de ces parcs photovoltaïques. Signez cette pétition et aidez-nous à sauvegarder le Haut Pays Grassois des ravages de ces projets énergétiques qui dénaturent le paysage et mettent en danger la biodiversité."

La crainte du parc photovoltaïque réside dans le risque de pollution des eaux : "le captage alimente dix communes, y compris celle de Valderoure. En plaçant des panneaux solaires évidemment que l'on va créer du ruissellement et cela va mettre en danger cette ressource en eau".

Une enquête publique a lieu depuis le 19 juin, elle court jusqu'au 3 juillet. À l’issue de celle-ci, le juge décidera si oui ou non la centrale photovoltaïque peut être construite.

Ruée vers l'or

Ce serait une aberration si le juge allait dans le sens du projet à l'image de beaucoup d'autres analogues en France pour ses opposants. Mélodie Lamotte regrette cette "ruée vers l'or" et surtout l'incongruité de ce projet ici, précisément à cet endroit. Car la particularité de ces zones ce sont les karsts, des trous formés dans la roche, il y a des centaines de milliers d’années qui permettent à l’eau de s’infiltrer et d’être filtrée pour tomber directement dans le réservoir d’eau.

Le problème, c'est que ce réservoir d’eau est situé juste en dessous de là où les panneaux solaires pourraient être implantés.

Pour Valérie Plagne, professeur d'hydrogéologie à la Sorbonne, qui a rejoint le mouvement, "la démonstration qu'il n'y a pas de risque d'installer un tel parc n'est pas démontrée sur un bassin d'alimentation d'une source. Cette source est d'une qualité exceptionnelle, elle alimente de nombreuses communes. Avec les travaux, on modifierait le bassin d'alimentation, on va modifier l’état de surface, la façon dont l'eau de pluie va s'infiltrer."

Les opposants au projet attirent l'attention sur le fait qu'un tel parc pourrait légitimement être installé là où les conséquences en terme écologique seraient moindres. Mélodie Lamotte précise de son côté : "en l'espace de trois ans, trois parcs photovoltaïques ont été construits au cœur du parc régional naturel du Verdon et des Préalpes d'Azur, ce qui a entraîné la destruction de plus de 160 hectares de forêt. Des dizaines de projets sont en cours dans un rayon de 20 km autour du Logis du Pin."

Régulièrement, les associations comme l'APCV, saisissent la justice pour demander que les projets soient annulés ou modifiés pour prendre en compte la réalité du terrain. Ce fut le cas à Levens, en 2024, dans les Alpes-Maritimes. Là, le juge avait demandé aux porteurs de projet de revoir leur copie notamment sur l'impact en matière d'environnement. C'est une société monégasque qui avait l'intention de construire un parc de 12 hectares soient pas moins de 23 000 panneaux.