VAR : Les résultats étonnants de la première fouille sur la base navale de Toulon
- petitprincebandol
- 9 nov.
- 4 min de lecture

Mobilier, céramiques, pièces de monnaie... Sur la base militaire de Toulon, un passé oublié refait surface
Des archéologues de l'Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap) réalisent des fouilles sur le secteur de l'ancienne île de Milhaud de la base navale de Toulon, le 30 octobre 2025.
Actuellement, ont lieu les premières fouilles archéologiques jamais réalisées au cœur de la base navale de Toulon. Il s'agit de recherches préventives à l’emplacement des futures infrastructures prévues en 2035, et qui doivent accueillir le porte-avions nouvelle génération.
On parle très peu de lui, pourtant, c'est bien un chantier hors normes qui est prévu dans le plus grand port militaire d'Europe ; un millier de personnes devraient y travailler chaque jour.
La base navale toulonnaise doit se transformer afin d'être en capacité de recevoir le digne successeur du Charles-de-Gaulle, qui est à ce jour, faut-il le rappeler, l'unique navire de guerre à propulsion nucléaire d'Europe occidentale, le fleuron de l'armée française.
Comme pour tout aménagement du territoire, des recherches archéologiques préventives doivent être menées.
Elles viennent de révéler un premier pan de l'histoire d'un site dont on ne connait bien souvent que l'entrée rue Victor Micholet à Toulon
Avant, une île et un quai
À l'origine, le lieu était une petite île : l'île de Milhaud. À partir de la fin du XVIIe siècle, la Marine Royale y installe une poudrière. Un emplacement stratégique pour les besoins de la flotte française.
Des bâtiments d'une surface de plusieurs milliers de m² ont été découverts. Il s'agit probablement de l'habitat et de locaux liés à l’artisanat, à la pêche et au commerce. Ils dateraient d'une période se situant entre le IIe siècle avant Jésus-Christ et le IIe siècle après au moins.
Les archéologues de l'Inrap mettent au jour un site antique, ainsi qu'une poudrière et d'un quai datant du 17e siècle. Base navale de Toulon, 30 octobre 2025.
Mobilier, céramiques, pièces de monnaie...
Les archéologues ont aussi trouvé un abondant mobilier, des assemblages de céramiques et des pièces de monnaie. L'institut précise : "Les vestiges les plus anciens témoignent d’une occupation précoce, autour du IIe siècle av. J.-C., à une période de conquête et de transition où Gaulois, Grecs de Marseille et Romains se côtoient et commercent sur cette portion du littoral méditerranéen."
Les découvertes donnent l’image d’un lieu participant aux flux commerciaux méditerranéens, marqués par la présence importante de produits en provenance d’Italie du Sud.
Selon l'Inrap, Institut national de recherches archéologiques préventives
Les monnaies découvertes jusqu’à présent laissent supposer la présence d’un atelier monétaire, hypothèse qui devra être vérifiée lors de la fouille.
Éléments de mobilier datant de la période antique sur le secteur de l'ancienne île de Milhaud, mettant en évidence une implantation militaire, base navale de Toulon, 25 octobre 2025.
L'une des plus imposantes découvertes est un quai aménagé pour ravitailler les bateaux en poudre et en munitions. Dégagé sur près de 80 mètres linéaires, ce quai monumental est très bien conservé.
Ces découvertes permettront de documenter le mode de construction du quai et de ses abords, leurs fondations (sur pieux en bois), et leurs aménagements particuliers (escaliers, structures de levage, etc.).
Au pied du quai, les archéologues devraient probablement trouver des vestiges liés au fonctionnement du quai (épaves, cordages, outils, céramiques, etc.) ou bien des vestiges plus anciens, préservés par l’aménagement du port.
Fouilles archéologiques réalisées par l'Inrap (Institut national de recherches archéologiques préventives) sur le site de la base navale militaire, Toulon, le 30 octobre 2025.
Des moyens subaquatiques ont été nécessaires, car si ce secteur est aujourd’hui complètement atterri, la mer affleure à nouveau immédiatement sous le premier mètre de terre enlevé. Pour pouvoir étudier le quai de la poudrière, l’Inrap a choisi "de ne pas lutter contre la mer et de remettre en eau cette portion du bras de mer aujourd’hui comblé". Une vaste piscine où les archéologues plongeurs prennent le relais des archéologues terrestres a été creusée à cet effet dans les remblais des années 1930.
L’Inrap : des archéologues qui fouillent aussi sous l'eau
Avec 2 200 agents, repartis dans 42 centres de recherche, l'Inrap est aujourd'hui le plus grand acteur européen de l'archéologique. Placé sous la tutelle des ministères de la Culture et de la Recherche, le rôle de l'établissement est plus particulièrement de fouiller les sols avant tout grand chantier d’aménagement du territoire. L'institut a pour mission d'étudier, d'interpréter les découvertes, mais également les diffuser auprès du grand public. Pas moins de 1 800 diagnostics et plus de 200 fouilles sont réalisés chaque année.
Plus surprenant, mais tout aussi crucial, l’Inrap s'intéresse aussi aux vestiges du passé encore sous l'eau.
En archéologie fluviale et maritime, l'institut est chargé de détecter et d’étudier les vestiges des activités humaines, en lac et en rivière, qu’ils soient conservés à terre ou sous les eaux.
Une quinzaine d'archéologues et de plongeurs spécialistes qualifiés pour évoluer jusqu’à 50 mètres de profondeur sous l’eau assurent les fouilles. Pour les plus grandes profondeurs, les plongées robotisées remplacent les plongées humaines.
Ports anciens, épaves, ponts, moulins ou pêcheries, qu'ils se trouvent sous terre ou sous l’eau, racontent l’histoire du lien entre les sociétés humaines et les milieux aquatiques. Ces sites font donc naturellement l’objet de fouilles préventives afin de préserver ce patrimoine souvent méconnu.






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